jeudi 2 août 2012

La mort est mon métier de Robert Merle

Résumé :
«Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta :
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi...»

Mon avis :
Robert Merle retrace l'histoire de Rudolf Hoess, commandant du camp d'Auschwitz par ce roman. Ici il s'agit de Rudolf Lang. Nous pouvons voir deux parties dans ce roman à savoir tout d'abord l'enfance de Rudolf, sa famille, les difficultés qu'il a rencontrées avec celle-ci et particulièrement son père et la seconde traitant spécifiquement de son acsension dans la SS, avec les ordres qui lui ont été donnés et aussi les difficultés rencontrées pour mettre à bien le projet qui lui a été confié. L'auteur nous donne deux visions du personnage dans ce roman. Au départ il s'agit plus d'un roman, d'une histoire de famille, de l'évolution d'un personnage au sein de l'Allemagne du début du siècle.

Le personnage de Rudolf est attachant, il a une vie de famille, il est "victime" de son père. Par la suite Robert Merle a plutôt détourné le roman vers l'aspect documentaire. Nous voyons comment le personnage est devenu le commandant d'Auschwitz qu'il est devenu, pourquoi et comment il accepte cette tâche. La solution finale est alors décidée, il ne reste plus qu'à trouver la solution pour que cela soit rentable en terme économique et en terme de chiffres.  Les difficultés sont alors présentées comme si nous faisions un bond de soixante ans dans le passé, comme si nous étions en présence de Rudolf.

Robert Merle ne se contente pas de relater des faits historiques. Il nous donne à voir l'évolution psychologique du personnage et le processus de déshumanisation de celui-ci. Rudolf Lang est un être humain comme un autre. On commence à éprouver des sentiments pour lui, de la sympathie, même si l'on sait ce qu'il est réellement et ce qu'il a fait. Cependant Rudolf devient ce qu'il est en obéissant aux ordres, en étant aveugle face à ces autorités dictant de telles atrocités. Il est difficile de se dire que ce qu'il l'a fait il l'a fait par devoir, en suivant les ordres et que donc chacun pourrait en faire de même... Comme le dit Robert Merle en 1972 : «Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour L'Etat. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux ». On ne cherche pas à excuser cet homme mais on voit qu'il avait des raisons, qu'il ne pensait pas que cela était bien mais qu'il obéissait "simplement" aux ordres.

Cela faisait longtemps que je voulais lire ce roman mais je n'avais pas le courage de me plonger dans une oeuvre présentant cette période. Comme j'ai dépassé ce stade en travaillant cette année sur Les Bienveillantes de Jonathan Littell je me suis mise à lire l'oeuvre de Robert Merle et n'ai pas été déçue.  (ndlr : billet datant de 2008). L'écriture est vraiment superbe et nous permet de voir ce qu'a été la vie de Rudolf Hoess et comment il est arrivé là où il a terminé sa vie. Ce roman apporte un sentiment fort quand on voit comment la "solution finale" a été établie et comment on a cherché à être rentable au niveau du chiffre. Un livre à lire absolument !


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